En clôture des débats sur le projet de loi relatif à la programmation militaire pour les années 2014 à 2019 et portant diverses dispositions concernant la défense et la sécurité nationale, Philippe FOLLIOT a expliqué au cours de son intervention dans l’hémicycle les raisons pour lesquelles le groupe UDI, dont il est membre, a voté contre la Loi de Programmation Militaire. Soulignant les quelques avancées positives comme dans la cyber défense, les moyens de renseignement, la protection juridique du combattant ou encore la rénovation du dialogue social, il a regretté l’incohérence entre ambitions stratégiques et contraintes budgétaires. Remettant en cause les suppressions de postes supplémentaires, les recettes supplémentaires plus qu’aléatoires mais aussi le manque de vision européenne, il a appelé le gouvernement à faire de la défense la priorité régalienne qu’elle devrait être et qu’elle n’aurait jamais dû cesser d’être.
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Philippe FOLLIOT. Monsieur le président, monsieur le ministre, mes chers collègues, dans les jours à venir, la France présentera au Conseil de Sécurité des Nations Unies une proposition de résolution autorisant ses armées à utiliser la force afin de soutenir la mission internationale de soutien à la Centrafrique. Au début de l’année 2014, ce sont ainsi un millier de nos hommes qui se trouveront de nouveau sur un terrain dangereux, dans une région tourmentée, fidèles à leurs vocations de soutien aux populations et d’incarnation de la grandeur de la France. Nous tenons à leur rendre ici hommage, tout comme nous rendons hommage à nos hommes combattants encore au Mali, ainsi qu’aux 7 militaires français tombés pour assurer la sécurité des Maliens et la nôtre. Le Groupe UDI soutient ces initiatives de la France et salue l’action, exemplaires et admirées, de nos militaires. Nous avons toujours placé, aux côtés de l’Europe, les questions de défense et de sécurité au cœur de nos préoccupations. Nous savons que la mission des militaires n’est comparable à nulle autre car au bout du bout de l’engagement, il y a le sacrifice suprême, celui de la vie, mais aussi parce nous mesurons pleinement la portée et les conséquences des décisions que nous avons à prendre, nous avons souhaité incarner au mieux notre mission d’opposition constructive, en recherchant un consensus national sur notre politique de défense. Force est cependant de constater que cette Loi de Programmation Militaire issue du livre blanc, qui engage pourtant la défense française pour les années 2014 à 2019, mais également bien au-delà, n’embrasse pas les questions les plus vitales et les plus essentielles auxquelles notre armée est confrontée. Nous regrettons que ce texte, qui ne fait pas de la défense une priorité budgétaire contrairement à l’éducation, la justice et la sécurité, se contente le plus souvent de manipuler des chiffres, sans prendre de décisions claires et ambitieuses. Aucun choix réel et marquant n’a été fait sur des sujets clés tels que la dissuasion, notamment la deuxième composante aéroportée, la prévention des conflits, l’OTAN, l’Europe de la défense, ou encore les entreprises privées de sécurité et de défense. De plus, l’importance stratégique de l’océan Indien et du Pacifique, qui regroupe 90% de notre ZEE, n’est pas suffisamment prise en compte. Nous sommes tous ici conscients des contraintes budgétaires très fortes qui pèsent sur le budget de la défense, dans un contexte difficile de redressement des finances publiques. Un effort très important a d’ailleurs déjà été consenti par la défense, la part de celle-ci dans le PIB passant de 5% dans les années 1960 à 1,5% aujourd’hui, et notre armée contribue largement, et plus qu’à proportion, depuis plusieurs années, à l’effort de réduction des déficits. Elle a de surcroît dû supporter en même temps l’échec du logiciel Louvois et la difficile mise en œuvre de la réforme des bases de défense. Mais ce que le Gouvernement demande aujourd’hui à nos armées, c’est de continuer à faire mieux mais avec moins, avec un budget tout juste maintenu à son niveau actuel. De plus, les 6 milliards d’euros de recettes exceptionnelles et les exportations de Rafale sont aléatoires, sans compter les 3 milliards d’euros de report de charges, ce sont donc autant d’éléments particulièrement inquiétants. En outre, et au-delà des 45 000 suppressions de postes déjà effectuées, les 34 000 supplémentaires font que la seule défense supporte 60% des baisses d’effectifs de la fonction publique. Nous soulignons quelques positives avancées dans la cyber défense, les moyens de renseignement, la protection juridique du combattant, la rénovation du dialogue social, mais on le voit, l’incohérence entre ambitions stratégiques et contraintes budgétaires est flagrante, et nous craignons que demain, la France ne soit malheureusement plus capable de mener une intervention telle que l’opération Serval. Le prochain Conseil européen de décembre placera à son ordre du jour la politique de sécurité et de défense commune. Il est aujourd’hui plus que temps que nous posions les pierres fondatrices d’une industrie européenne de Défense, d’une politique de mutualisation des équipements et des moyens, mais aussi et surtout d’un rapprochement sans précédent de nos centres de décision et de nos priorités géostratégiques, avec aussi et surtout un budget dédié. Nous nous réjouissons que l’une de nos propositions ait été adoptée à l’unanimité, soulignant le rôle crucial de la France dans l’Europe de la Défense, et celui de l’Europe de la Défense pour notre avenir. Cette proposition était avant tout un appel au Gouvernement à jouer le jeu européen ; nous attendons que les actes fassent écho aux promesses. La stratégie d’avenir que la France se devrait de mettre en exergue, nous ne l’avons pas vue à travers cette LPM. Nous appelons le Gouvernement à faire de la défense la priorité régalienne qu’elle devrait être et qu’elle n’aurait jamais dû cesser d’être. Pour l’ensemble de ces raisons, le groupe UDI votera contre ce projet de loi de programmation militaire.