Quelle relève pour les moyens maritimes de surveillance ? La réponse du gouvernement

En octobre 2024, M. Folliot avait adressé la question écrite nº 01044 à Sébastien Lecornu, ministre des armées, portant sur la relève des avions de surveillance maritime. La composante aérienne de la surveillance maritime est essentielle pour surveiller les côtes ainsi que la zone économique exclusive de notre pays. Cela est particulièrement le cas en Outre-mer, où la présence d’avions de surveillance s’avère indispensable au regard de la surface à traiter. Le 6 février 2025, le ministre a publié sa réponse.

Texte de la réponse :

La flotte d’avions de surveillance et d’intervention maritime (AVSIMAR) des armées compte aujourd’hui deux types d’appareils : huit Falcon 50 de la flottille 24F basés à Lann Bihoué, qui réalisent notamment des déploiements ponctuels en océan Indien, en Guyane et aux Antilles, et cinq Falcon 200 Gardian qui contribuent à la surveillance des espaces aéromaritimes du Pacifique. Sur ces cinq Gardian, trois opèrent à partir du groupement aéronautique militaire de Faa’a situé en Polynésie française et deux sont mis en oeuvre sur la base aérienne 186 de La Tontouta en Nouvelle-Calédonie. Ces cinq aéronefs pré-positionnés dépendent organiquement de la flottille 25F basée à Tahiti. Le renouvellement de ces moyens est programmé pour, à terme, disposer d’un unique type d’avion, le Falcon 2000 Albatros. Cette transition s’effectuera en deux temps pour les F200 : remplacement par des F50 rénovés au format Triton, puis remplacement de ces F50 par des F2000. Elle sera étalée sur plusieurs années, pour tenir compte du calendrier de livraison des F50 rénovés puis des F2000 neufs, ce qui évitera un retrait temporaire de capacité. La loi de programmation militaire pour les années 2024-2030 a établi une flotte AVSIMAR en cours de transition en 2030, soit un format à 4 F50 et 8 F2000 dont 2 F2000 déployés dans le Pacifique en 2029 et 2030. La flotte du Pacifique sera exclusivement composée de F2000 à l’horizon 2033 (déploiement des cinq F2000 dans le Pacifique entre 2029 et 2033, à Tahiti puis Nouméa). Il convient de noter qu’un des cinq F200 actuels est généralement immobilisé en maintenance pour une « grande visite », ce qui réduit le parc employable à quatre appareils. Les F50 rénovés rallieront quant à eux le Pacifique après avoir effectué leur grande visite en métropole, permettant d’atteindre le même taux de disponibilité en nombre d’avions dans le Pacifique avec un format de quatre F50 à Papeete et Nouméa. Le format final à 5 F2000 permettra ensuite d’assurer durablement un parc disponible de 4 avions. Pour un même nombre d’avions disponibles, les capacités de surveillance maritime dans le Pacifique seront décuplées par les performances supérieures des F50 et F2000 par rapport aux F200 actuels, d’une part grâce aux qualités des capteurs radar et optroniques, et d’autre part par l’élongation de ces avions : le F50 rénové a en effet un rayon d’action 27 % plus étendu que celui du F200. Cette augmentation sera de 66 % pour le Falcon 2000 : l’autonomie de l’Albatros permettra de rallier Nouméa ou Hawaï sans escale depuis Tahiti, ou d’assurer une patrouille de deux heures en limite de zone économique exclusive polynésienne. Les performances de ces avions bénéficieront également à l’ensemble des zones outre-mer hors Pacifique (Antilles, Guyane, La Réunion, Mayotte) qui verront ainsi les capacités de surveillance maritime augmenter au fil des déploiements de F50 rénovés et F2000 depuis la métropole. La transition de la flotte AVSIMAR se traduira donc par une augmentation progressive des capacités de surveillance maritime, en particulier dans le Pacifique où le gain sera important compte tenu de la grande différence de performances entre avions actuels et futurs, mais également dans tous les autres outre-mer.

Pour rappel, texte de la question :

M. Philippe Folliot interroge M. le ministre des armées et des anciens combattants sur la relève future des 5 avions Falcon 200 de surveillance maritime basés en Outre-mer. En effet, les Falcon 200 « Gardian » aujourd’hui à bout de souffle (entrés en service en 1983, soit il y a 40 ans !) doivent être remplacés par des Falcon 50M rénovés, selon un calendrier qui dépend par ailleurs de la livraison des avions Falcon 2000 Albatros. Les avions Gardian assurent une présence sur plus de 50 % de la zone économique exclusive française ; ils permettent ainsi d’assurer l’action de l’État en mer par la surveillance des pêches, notamment dans la « ceinture de thon » du Pacifique Sud. Or, les moyens de surveillance hexagonaux devraient, pour se positionner dans le Pacifique, entreprendre un déploiement qui dure plus d’une semaine avec des étapes dans de nombreux pays. Cela accentue la vulnérabilité de notre présence dans la zone. L’intérêt de ces avions prépositionnés directement en Polynésie est donc essentiel. Dans la dernière loi de programmation militaire il a été voté un format à l’horizon 2030 de 4 F50 (les Falcon 50M rénovés au format Triton) plus 8 Albatros, soit un de moins que le parc fin 2023 (8 F50 et 5 Gardian). Au regard de ces éléments, il souhaiterait savoir quel effet aura ce format sur le prépositionnement de nos capacités de surveillance maritime basées en outre-mer, notamment au regard de l’importance croissante de la zone Indo pacifique dans la stratégie de défense de la France. De même, si un calendrier prévisionnel a pu être mis en place pour l’arrivée des nouveaux moyens de surveillance maritime en Outre-mer, il souhaiterait savoir si une nouvelle configuration concernant l’affectation et la répartition des nouveaux avions était prévue.

Quelle relève pour les moyens maritimes de surveillance ? La réponse du gouvernement