Question indiscrète : quelle est votre position sur la réforme des retraites ? Qu’avez-vous voté?
Philippe Folliot : Au cours des débats, j’ai défendu un projet de réforme permettant la mise en place d’un régime unique de retraites qui ferait ainsi appel au même effort pour tous. C’est un régime universel, à points ou à comptes notionnels, un modèle par répartition, géré par les partenaires sociaux et qui reste basé sur la solidarité intergénérationnelle (puisque ce sont les actifs qui paient pour les retraités), que nous avons défendu en séance avec mon Groupe. Une telle réforme aboutirait à ce que chacun de nos concitoyens paie une cotisation unique, que sa retraite soit calculée selon les mêmes critères.
Une réforme systémique n’est possible que sur le long terme, et pour cela il faut vingt ans. Comme je l’ai rappelé à la tribune de l’Assemblée, presque tout était dit dans le Livre blanc sur les retraites de 1991, porté par le Premier Ministre d’alors, Michel Rocard. Si la majorité socialiste de l’époque avait agi, le problème serait réglé aujourd’hui. Aujourd’hui il est trop tard pour ne rien faire au prétexte que cette réforme de fond n’a pas été enfin engagée. L’actuel projet est un premier pas important qui va dans le sens d’une véritable prise de responsabilité envers les générations futures (qui devront payer nos déficits actuels). Toutefois il est largement insuffisant pour atteindre l’équilibre budgétaire en 2018 : les travaux du COR, sur des bases économiques optimistes, montrent un besoin de financement de 48 milliards alors que seuls 23 milliards semblent couverts. Je note que la prise en compte de la pénibilité au travail, des carrières longues, et des retraites agricoles est une avancée notable.
Estimant que le projet de réforme va malgré tout dans le bon sens, même s’il ne répond pas à l’ensemble des conditions du projet que nous défendions initialement et que je continue à m’interroger sur le départ sans décote à 67 ans, j’ai pris mes responsabilités, et choisi de voter pour. Cette réforme est donc loin d’être parfaite, mais j’espère que le Sénat améliorera encore ce texte.
Par ailleurs, je constate que l’opposition s’est engagée dans une approche démagogique et peu crédible, qui aurait pour principales conséquences de ne rien régler au problème financier, avec une diminution des pensions et un effort de solidarité reposant essentiellement sur une hausse des impôts, ainsi que sur les générations futures. Pour elle, la bonne réforme est toujours… la précédente!
Philippe Folliot, Député du Tarn.