En votant contre la Loi de programmation militaire à l’Assemblée nationale en novembre dernier, l’UDI avait souhaité souligner les imprécisions ainsi que les incertitudes qui caractérisaient cette LPM. Nous avions, avec mes collègues députés UDI, voulu rappeler que nous étions attachés au double défi de la cohérence et de la stricte suffisance de nos moyens militaires. Pourtant, des indices de réduction du budget de la défense ont été détectés dans le débat public ces derniers jours. On évoque ainsi des orientations budgétaires réduisant de 1,5 à 2 milliards d’euros par an (c’est-à-dire entre 4,5 et 6 milliards d’euros d’ici 2017) le budget dédié à nos forces armées. Alors que le Président nous promettait « urbi et orbi » qu’il sanctuariserait le budget de la défense, garantie de notre indépendance et autonomie stratégique pour les années 2014-2019 et bien évidemment au-delà, le détricotage de notre outil de défense semble bel et bien envisagé. Pire, il semble émaner directement du Secrétariat général de la Présidence et confirme que malgré sa bonne volonté, le ministre de la Défense reste désarmé.
Doit-on ainsi, pour autant, demander aux armées plus d’efforts qu’aux administrations civiles ? La réponse est catégoriquement non.
Les forces armées ont déjà largement contribué à la modernisation et la rationalisation de l’Etat. Faut-il rappeler que près de 60% des baisses d’effectifs de la fonction publique seront supportées par la seule défense nationale? La réduction du format des armées de moins 82 000 hommes et femmes durant la dernière décennie atteste de l’effort conséquent d’ores et déjà subi par le ministère de la Défense. S’il est avéré, ce plan catastrophique de réduction budgétaire rendrait d’ailleurs caduque l’actuelle LPM. Il conviendrait, dès lors, d’en refaire voter une nouvelle d’ici la fin de la session parlementaire, en clarifiant d’emblée la crédibilité et la pérennité des ressources exceptionnelles, estimées à 6 milliards d’euros, pourtant présentées lors du vote devant la représentation nationale comme devant nous prévenir d’éventuels coupes budgétaires. Ces dernières sont, en effet, plus qu’aléatoires, comme l’attestent les exportations de “Rafale” qui restent à ce jour hypothétiques.
L’UDI dénonce avec force le mépris de l’exécutif pour le Parlement. En effet, comment qualifier autrement la volonté du gouvernement de remettre en cause unilatéralement, et de manière irresponsable, une Loi de programmation pluri-annuelle pourtant votée il y a six mois seulement ? Nous demandons solennellement, si de telles funestes perspectives étaient avérées, la rédaction d’un nouveau Livre blanc et l’examen d’une nouvelle Loi de programmation militaire qui en découle. Un nouveau vote, ainsi qu’un large débat avec la société française, le monde de la défense et des anciens combattants quant à la place et au rôle des Forces armées, préalable à cette nouvelle LPM, serait ainsi la réponse la plus limpide pour couper court aux incertitudes qui planent sur notre outil de défense. Alors que la France est engagée sur plusieurs fronts (notamment au Sahel, au Mali, en RCA, au Liban, en Afghanistan, dans les Balkans), assumant ses responsabilités de membre permanent du conseil de sécurité, elle porte trop souvent seule la responsabilité de l’engagement au nom des alliés européens trop souvent absents et défaillants, garantissant ainsi le principe de la « responsabilité de protéger » les populations locales ainsi que nos ressortissants mis en danger par des organisations terroristes et criminelles, il serait d’une irresponsabilité coupable de baisser la garde.
Philippe FOLLIOT, député du Tarn, secrétaire de la Commission de la Défense nationale et des forces armées, chargé des questions de défense au sein du Contre-gouvernement de l’UDI.