Retour sur la « tournée des Îles Éparses »

Si ce n’est pas le début du tour « du bout du monde », cela y ressemble. C’est en tout état de cause un tour « des bouts de France » auquel j’ai eu le privilège et l’honneur de participer.

Dès potron-minet, le lundi 18 septembre, rendez-vous à la Base aérienne 181 Sbaaint-Denis-Gillot. Base ? Vous avez dit base ? C’est plutôt une escale aérienne qu’une base à proprement parler… au regard de la modicité des lieux et surtout du peu d’aéronefs qui y sont déployés. Nous voilà dès le début au coeur de ces incohérences, que j’ai, du reste, il y a peu largement dénoncées au moment du vote de la loi de programmation militaire.

Autour de la préfète des Terres Australes et Antarctiques Françaises (TAAF), Mme Florence JEANBLANC-RISLER, et du nouveau général commandant les Forces Armées dans la Zone Sud de l’Océan Indien (FAZSOI) le général GIRAUD, nous sommes une petite vingtaine à nous embarquer dans le petit, rustique, mais opérationnel avion « CASA ».

Quatre heures trente de vol avec une escale à l’aéroport de Tuléar (Madagascar) pour arriver sur le lieu de notre première étape : l’île d’Europa.

Au-delà d’un piquet d’honneur le comité d’accueil est composé d’une multitude de moustiques, qui malgré lotions et protections se jetèrent, affamés, sur nos pauvres peaux qui leur servit de festin de bienvenue. Après un déjeuner, c’est une marche de 8 kilomètres qui nous a permis de faire le tour d’une partie de la plus étendue des îles Éparses. Sous la présentation de M. Franck LUSTENBERGER, directeur de l’environnement des TAAF, nous avons pu apprécier tous les éléments et enjeux relatifs à la biodiversité présente sur l’île…

Visite de l’île en compagnie de nos guides des TAAF.
Déjeuner sur Europa.
Mis à part quelques bateaux échoués, je suis impressionné par la propreté de l’île, comme de Juan de Nova et Grande Glorieuse du reste, qui font un bel écho aux triste spectacle de désolation d’une île jonchée de déchets que j’avais aperçue en son temps à La Passion-Clipperton.

Un panneau de signalisation nous indique combien ces méconues possessions ultramarines sont nombreuses, et j’allais dire importantes. En effet, situées dans le canal du Mozambique, Europa, Juan de Nova, et dans une moindre mesure Bassas da India, sont très importantes en termes géostratégiques sur une route maritime amenée à un développement certain, ne serait-ce qu’au regard d’enjeux géopolitiques et du développement croissant des relations économiques entre la Chine et l’Afrique.

C’est pour cela que en son temps, visionnaire, le général de Gaulle avait séparé ces îles de Madagascar, car celles-ci n’ont jamais été originellement habitées et donc ne sauraient être juridiquement dépendantes de la grande île. Grâce à cela, notre pays dispose de modestes terres, certes, mais de vastes zones économiques exclusives, qui en font une puissance majeur du Sud de l’Océan Indien, avec au-delà des trois îles sus-citées, les Glorieuses, Tromelin, mais surtout les départements de Mayotte et de La Réunion, qui sont un point d’appui et de rayonnement exceptionnel, pour notre pays dans cette région.

Pour assumer de manière effective sa souveraineté, depuis quelques décennies, la France déploie un contingent de quinze soldats, accompagnés d’un gendarme et d’un agent des TAAF, qui ensemble, pour une période de deux mois, assurent la présence souveraine mais aussi la protection de la biodiversité, le nettoyage et l’entretien des îles.

Après un dîner simple mais bon, préparé par les marsouins du 21e RIMa sous la houlette du directeur de l’environnement des TAAF nous sommes nuitamment allés sur les plages pour essayer de voir si quelques tortues marines venaient pour pondre. Hélas, ce soir là, notre quête fut infructueuse.

Le lendemain matin, nous participèrent tous à une émouvante cérémonie de levée des couleurs, symbole de la présence de la République française dans cette partie du monde.

Ensuite, ce fut le départ pour Juan de Nova.
…et me voilà installé en cabine de pilotage pour assister au survol de la seule île où nous ne pourrons pas nous poser, car il n’y a pas de piste, et qu’elle est partiellement recouverte par les eaux, Bassas da India.
Bassas da India, quasi-submergée.

Bienvenue à Juan de Nova ! Tel que nous l’indique un panneau, avant un recueillement sur la stèle de Maryse Hilsz, pionnière de l’aviation.

Après une visite de la base des TAAF, nous sommes allés à pied à l’autre bout de l’île.
À pied, et en transport collectif…
Nous avons découvert les vestiges de la Maison Patureau, qui à l’époque était titulaire d’une concession pour mettre en place la valorisation économique de l’île (guano, cocoteraie, phosphate… etc.) (photos concession).

Nous arrivèrent à la base pour une présentation par un Lieutenant du 21e RIMa des enjeux relatifs à l’exercice de la souveraineté sur l’île.

Cela m’a amené à m’interroger sur la pertinence de l’idée de faire venir de l’île de La Réunion du sable visant à assurer la protection des guérites du camp alors que l’île elle-même repose sur du sable. Le bilan écologique et environnemental d’une telle perspective ne me paraît pas si évident…

Lors de nos échanges, j’ai insisté sur la nécessité d’avoir une approche écologique et environnementale empreinte de bon sens et compatible avec l’action que mènent militaires et gendarmes pour assurer une souveraineté effective.

Dans une tribune intitulée Et si la France exploitait son propre gaz ?, je revenais sur la surprenante décision visant à suspendre les permis de recherche gaziers sous l’île française de Juan de Nova, pourtant une potentielle solution pour assumer à terme une moindre dépendance énergétique et permettre un développement économique important.

Philippe Folliot est intervenu plusieurs fois pour défendre les projets d’exploration, qui permettraient au moins de connaître avec exactitude le potentiel français dans la zone

Nous quittons en début d’après midi Juan de Nova pour rejoindre Mayotte.

Pour rejoindre Mayotte, où nous eûmes une soirée d’échanges très instructive avec le préfet et les autorités civiles et militaires de l’île, sur tous les enjeux et problématiques de ce département (immigration, insécurité, eau, développement économique…). La face cachée de ce qui pourrait apparaître comme un paradis tant le lagon et l’île sont beaux.

Très tôt, le mercredi matin, nous nous envolâmes vers les Glorieuses.

Cet archipel est composé de 4 îles, dont une seule, la Grande Glorieuse, est occupée. Elle est vraiment magnifique et exceptionnelle, tant de par sa végétation, que par sa propreté et son organisation.

Nous voyons ici poindre le sens de l’organisation et la discipline de la Légion étrangère, mais j’ai aussi pu constater que le grand 8e RPIMa n’était pas loin et avait laissé sa trace.
Transport collectif pour aller à l’autre bout des Glorieuses.
Présentation des enjeux relatifs à la gestion des déchets et à tout ce qui est fait pour faire de cette île un exceptionnel joyau classé réserve naturelle nationale, lieu exceptionnel à bien des égards.
Hélas, la baignade si tentante est ici interdite…

Une visite de la future base scientifique, pour accueillir chercheurs, mais aussi artistes, nous a été présentée.
Juste avant le départ, photo souvenir sur la place d’armes, avec madame la préfète des TAAF Mme Florence JEANBLANC-RISLER et le général GIRAUD commandant des FAZSOI que je tiens vivement à remercier tous deux pour m’avoir permis de découvrir ces trésors cachés de la République, si importants tant sur un plan géostratégique qu’environnemental.

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