TRIBUNE : Philippe Folliot et 13 parlementaires européens « Si un géant comme la Russie peut impunément attaquer son voisin plus petit, qui nous dit que cela ne se reproduira pas ? »

Tribune

Un collectif de parlementaires de pays de l’Alliance atlantique et membres de l’Assemblée parlementaire de l’OTAN appelle, dans une tribune au « Monde », les gouvernements européens à faire livrer plus de missiles de longue portée et d’avions de combat à l’armée ukrainienne. 

Avant le prochain sommet de l’OTAN à Washington les 9 au 11 juillet 2024 − qui sera crucial tant pour l’issue du conflit que pour l’avenir de l’Alliance − nous souhaitons collectivement attirer l’attention de nos gouvernements respectifs sur la nécessité de fournir de telles armes, puisque nous en avons la possibilité, avec, pour les missiles de longue portée, les SCALP-EG et les Storm Shadow franco-britanniques, ainsi que les Taurus allemands, et, pour les avions de combat, les F-16, les Gripen et les Mirage 2000.

Rééquilibrer le rapport de force entre Russes et Ukrainiens

L’Europe entière – non la seule Union européenne – doit impérativement aider à rééquilibrer le rapport de force entre Russes et Ukrainiens. L’armée russe dispose actuellement d’un avantage écrasant en matière de munitions, d’artillerie et d’armes à longue portée. De telles livraisons permettraient aux forces ukrainiennes de riposter plus efficacement et de reprendre l’initiative sur le champ de bataille. Elles leur donneraient également la possibilité de mieux cibler les bases arrière russes et la logistique qui soutiennent l’effort de guerre, perturbant ainsi les lignes d’approvisionnement et le commandement russe.

Elles les aideraient à mieux protéger les civils, de part et d’autre du front. A ce propos, nous tenons à souligner que l’armée ukrainienne a toujours fait preuve d’une grande responsabilité dans l’utilisation des armes qui lui ont été fournies, dans le respect du droit international humanitaire : contrairement à l’armée russe, elle n’a jamais attaqué délibérément des civils.

L’objectif de l’Ukraine est de se défendre, de protéger et préserver son intégrité territoriale en repoussant l’envahisseur russe hors de ses frontières. L’armée ukrainienne vise exclusivement des cibles militaires russes. Or, des missiles de longue portée offrent une plus grande précision lors de frappes contre des objectifs militaires, réduisant ainsi le risque de victimes collatérales.

Serons-nous les prochaines victimes ?

Enfin, le gouvernement et la société ukrainienne ont exprimé à maintes reprises le besoin urgent de ces missiles de longue portée et de ces avions de combat. Il est de notre devoir de répondre à cet appel et de leur donner les moyens de se défendre, par amitié entre nos peuples, mais aussi d’un point de vue purement stratégique.

L’actualité, nous le savons, risque de détourner le regard de l’opinion loin de l’Ukraine, vers des sujets plus « quotidiens », certes problématiques, mais éminemment moins dangereux pour la paix et la démocratie de nos pays : si la Russie venait à l’emporter sans que les pays européens aient donné tous les moyens à l’Ukraine de se défendre, cela ouvrirait une brèche immense dans le respect du droit international, du multilatéralisme, de la souveraineté et de l’intégrité des Etats.

Si un géant comme la Russie peut impunément attaquer son voisin plus petit, sans que la communauté internationale fasse tout ce qui est en son pouvoir pour l’en empêcher, qui nous dit que cela ne se reproduira pas ? Serons-nous les prochaines victimes ? Les parlementaires signataires de cette déclaration appellent donc leurs gouvernements respectifs à mettre de côté leurs hésitations et à agir de manière urgente et concertée pour fournir à l’Ukraine l’aide militaire dont elle a besoin pour vaincre l’agresseur russe. L’avenir de l’Ukraine, la stabilité du monde et une paix durable en Europe en dépendent.

L’auteur de la tribune : Philippe Folliot, sénateur français, président de l’Alliance des libéraux et démocrates de l’Assemblée parlementaire de l’OTAN

Les cosignataires : Petras Austrevicius, député européen lituanien ; Daniel Bacquelaine (député belge)François Bonneau, sénateur français ; Christian Bordei, sénateur roumain ; Nicole Duranton, sénatrice française ; Jule Dzerowicz, députée canadienne ; Marcus Faber, député allemand au Bundestag ; Nicu Falcoi, député roumain, vice-président de l’Assemblée parlementaire de l’OTAN ; Grass Gusty, député luxembourgeois ; Irma Kalima, députée lettone ; Kerslin Lundgren, députée suédoise ; Mikko Savola, député finlandais. Tous les cosignataires sont membres du groupe politique « Alliance des Libéraux et Démocrates de l’Assemblée parlementaire de l’OTAN »

TRIBUNE : Philippe Folliot et 13 parlementaires européens « Si un géant comme la Russie peut impunément attaquer son voisin plus petit, qui nous dit que cela ne se reproduira pas ? »