| 1 JUIL. 2020 |
Ne nous y trompons pas, la « victoire » des écologistes aux élections municipales n’est pas un raz-de-marée ou plus significative qu’il n’y paraît. Dans un contexte d’abstention record où plus particulièrement l’électorat populaire, notamment dans les plus grandes villes, ne s’est pas déplacé, gagner quelques métropoles où « la boboïsation » est effective, ne saurait être un enseignement politique général qui mériterait un emballement politique ou médiatique disproportionné. La droite, autour de LR, et la gauche, autour du PS et de ses alliés, peuvent être considérés les vrais vainqueurs de ces élections municipales qui ont été pour cette majorité comme pour les précédentes un échec, ni plus ni moins !
Étant dit que EELV a gagné avec des alliances à gauche quasi exclusivement, va-t-on revenir au traditionnel système bipartisan ou plutôt quadri-partisan ultragauche, gauche traditionnelle et écologistes, droite, extrême-droite, ou cette élection, qui est traditionnellement marquée par une certaine prime aux sortant, est une photographie, quelque peu tronquée par l’abstention, des forces en présence ?
Objectivement, au-delà du contexte Covid-19, si pour l’élu le plus populaire de tous, c’est-à-dire le maire, les électrices et électeurs ne se déplacent pas pour voter, cela interpelle sur la vivacité de notre démocratie.
Comme souvent, les commentateurs commentent et spéculent sur le « nécessaire » tournant social et écologique de ce quinquennat. L’acte III devrait être plus à gauche et plus vert…
Tout d’abord, il me paraît important de rappeler qu’en matière de solidarité et d’environnement, cette majorité n’a rien à envier aux précédentes et qu’elle peut être fière de son bilan (création de la cinquième branche de la sécurité sociale, revalorisation des retraites agricoles, lutte contre le gaspillage alimentaire et les pollutions plastiques, fin du projet du mégacentre d’Europacity…) à quelques exceptions près sur lesquelles j’ai déjà exprimé des réserves comme la fermeture controversée de Fessenheim ou la loi Hulot sur les hydrocarbures.
Tout le monde encense le travail des 150 citoyens tirés au sort de la Convention citoyenne pour le climat. Or, si la méthode est originale et innovante, si le résultat est pour partie intéressant, ne nous y trompons pas, dans une démocratie représentative, il appartient aux parlementaires d’être force de proposition et instance de décision.
Que les choses soient claires, la défense de l’environnement, ne serait-ce que par devoir de responsabilité vis-à-vis des générations futures, est essentielle comme l’est aussi la nécessaire préservation de notre potentiel économique qui, rappelons-le, finance notre système de solidarité sociale ou intergénérationnelle, sans parler de la dette que l’on creuse, que l’on creuse toujours plus, et qu’il faudra un jour finir par rembourser !
Au-delà d’un virage à gauche et écologique, il me paraîtrait tout aussi essentiel d’envisager un tournant sur le régalien (sécurité, justice, défense), sur les territoires (ruralité, villes moyennes, outre-mer) et sur l’économie (compétitivité de nos entreprises, fiscalité, attractivité).
Au-delà de la réponse émotionnelle à ce qui s’est passé dans les grandes métropoles, n’oublions pas que la défense de l’environnement est une pratique quotidienne qui ne date pas d’hier dans nos territoires ruraux et petites villes qui, victimes de cette stratégie de concentration et de métropolisation mortifère pour les écosystèmes, ne doivent pas être les oubliés ou pire encore les victimes de ce fameux tournant.
Comme dirait, vous savez qui, il ne faudrait pas oublier en la matière de faire du … « en même temps » !
Amitiés,
Philippe FOLLIOT