Le compte-rendu de deux déplacements au plus près du conflit russo-ukrainien et le récit d’une longue soirée d’hiver, c’est le témoignage que livre le sénateur Philippe Folliot. Il estime en effet que “C’est le rôle et l’intérêt pour les parlementaires d’aller au plus près du terrain voir et analyser ce qui s’y passe réellement car c’est aussi l’argent de nos contribuables qui est utilisé pour la défense de l’Ukraine, nos valeurs de démocratie et de liberté.“. Membre de la Commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées du Sénat, président du groupe des Libéraux et Démocrates de l’Assemblée parlementaire de l’OTAN, pour le sénateur tarnais, c’est donc à la fois représenter la France à l’international et son rôle de représentation dont il s’agit.
Déplacement en Ukraine : retour en images
En ma qualité de président de l’Alliance centriste et de président du groupe des Libéraux et Démocrates de l’Assemblée parlementaire de l’OTAN, je me suis rendu en Ukraine du 31 janvier au 3 février 2023.
Je tiens à rappeler que ce déplacement n’engage aucunement ni le Sénat, ni l’Assemblée parlementaire de l’OTAN, qu’il a été préparé avec le Président de la Commission de la Défense de la Rada et son Vice-Président, chef de la délégation associée ukrainienne à l’AP-OTAN, mon collègue et ami Yehor Cherniev, que j’ai accompagnés.
Ce déplacement n’avait qu’un seul objectif : apporter dans ces moments particulièrement difficiles, de manière symbolique, un soutien aux forces et à la population ukrainienne dans cette effroyable guerre imposée par la Russie de Poutine.
Après avoir quitté le Tarn le dimanche 29 janvier en fin de matinée, je suis arrivé le soir-même très tard à Varsovie. Dans la continuité d’un petit déjeuner avec Michal Szczerba, Vice président de l’Assemblée parlementaire de l’OTAN en fin de matinée, j’ai pris un train pour Kiev. Ce déplacement fut long (seize heures), et je suis arrivé le mardi à 7h du matin où j’ai été accueilli à la gare par mon collègue et ami Yehor Cherniev, Vice président de la commission de la défense de la Rada, Chef de la délégation ukrainienne à l’Assemblée parlementaire de l’OTAN.
Dans un premier temps nous nous sommes rendu au nord de Kiev. Nous avons visité une des zones de combat près de l’aéroport à Hostomel où il y a le centre d’essai des usines Antonov et où les bombardements ont été nombreux. Ensuite, des restes de matériels russes qui ont été détruits pendant les combats m’ont été présentés.
Sur la route, nous menant à Boutcha, j’ai pu constater les très nombreuses dégradations sur des immeubles civils pilonnés par l’artillerie russe (photo). Dans un lieu secret, à proximité, nous avons visité un atelier de réparation de blindés (photo) puis nous nous sommes recueilli sur le monument érigé en l’honneur des victimes lors des combats (photo). Près d’une église, sur le lieu où a été découvert un charnier, nous nous sommes inclinés devant le petit monument en mémoire des victimes civiles (photo).
L’après midi, nous avons eu deux rendez vous, au Ministère des affaires étrangères avec le directeur de cabinet du ministre, et un second au Ministère des affaires sociales pour parler de la question des orphelins de guerre et de ce qui peut être fait en la matière.
Le mercredi matin tôt, départ en direction du Donbass et dix heures plus tard, nous avons atteint la frontière de l’oblast de Donestk, revendiquée par les russes. Après plus de deux heures de route sous la neige, nous avons rejoint les militaires ukrainiens pour une soirée d’échange à leur contact (voir l’édito de janvier 2023).
Le lendemain matin, dans la ville de Kourakhove, située à une douzaine de kilomètres du front, avec les bruits de fond des canons d’artillerie, des obus et des sirènes d’alerte, nous avons visité un bâtiment public qui faisait office d’hôpital de campagne pour stabiliser les victimes civiles ou militaires avant évacuation vers l’hôpital le plus proche. Nous avons constaté les dégâts sur des immeubles et sur un marché, conséquences des bombardements russes ces derniers jours contre des innocentes populations civiles.
Nous nous sommes ensuite rapprochés de la ligne de front et nous avons pu assister à une opération de tirs réels du canon Caesar (photo) en présence du Président de la commission de la Défense de la Rada, de son Vice président Yehor Cherniev et du colonel Sergli Juck, commandant la 55e brigade d’artillerie de l’armée ukrainienne. Nos interlocuteurs n’ont cessé de nous vanter l’efficacité et la performance de cette arme française.
Ensuite, sur le chemin du retour à Niepro, nous avons diné avec le président et le vice président de la commission de la Défense pour parler des échanges interparlementaires et des besoins en matière de moyens exprimés par les forces ukrainiennes.
Vendredi matin fut le retour vers Kiev après cinq heures de route où je me suis directement rendu à l’Ambassade pour un échange très instructif avec son Excellence Monsieur l’ambassadeur Etienne de Poncins, son adjoint et son conseiller militaire (photo). Je leur ai fait part de mes remarques et de mes propositions, plus particulièrement en matière de munitions, de maintien en condition opérationnelle des Caesar et d’envoi de blindés légers AMX-10 et de système de radars.
En fin d’après midi, Yehor Cherniev m’accompagna à la gare pour le long trajet de retour en train jusqu’à Varsovie puis en avion jusqu’à Paris.
“Impressions d’Ukraine” : retour en images du deuxième déplacement du sénateur Philippe Folliot
Cela fait plusieurs jours que je regarde ce cahier à rayures pour écrire non pas un prétentieux carnet de voyage mais quelques notes sur ce deuxième déplacement en quelques mois en Ukraine. Le modeste poids des mots interpelle face à l’abysse des réalités d’un pays en guerre. Finalement, est-ce futile ou important d’écrire et de témoigner?
J’ai une première fois été tenté dans le cadre désuet et suranné, mais qui ne manquait pas d’un certain charme d’antan, de ma chambre de l’hôtel Intourist de Zaporijia. Écrire sur cette guerre dans un hôtel construit à l’époque soviétique pour les membres de la nomenklatura n’aurait à certains égards pas manqué de sel mais allez savoir pourquoi je ne m’y suis pas résolu. C’est finalement un jeune soldat fluet, nageant dans son uniforme, de la 37ème brigade de marine qui dans un anglais sommaire, plus approximatif que le mien, ce qui n’est pas peu dire, a affirmé de façon péremptoire : “ you must speak in France”, je dois donc parler en France!
C’est à la lueur blafarde de la loupiote et bercé par le dandinement pour ne pas dire les secousses du train retour à petite vitesse qui nuitamment nous ramène de Kiev à Varsovie, que je m’y suis finalement résolu.
Comme à l’aller, je partage l’étroit compartiment muni de sommaires couchettes avec mon ami Marcus Faber, jeune député centriste du FDP au Bundestag qui lui pianote sur son ordinateur alors que je noircis mon cahier. Au-delà de ce contraste générationnel, Marcus m’interpelle car dans nos longues discussions à l’aller dans ce même train entre Varsovie et Kiev il y a moins d’une semaine, nous avons appris à mieux nous connaître, à mieux nous apprécier. Mêmes origines modestes, même détermination pour aller chercher d’improbables victoires électorales, mêmes convictions centristes et modérées, même goût pour la promotion des produits et des valeurs de nos terroirs, même abnégation dans le travail de terrain, même intérêt pour les questions de défense, affaires étrangères, géostratégie mais surtout même intrépidité pour aller là où l’on ne doit officiellement pas aller : sur la ligne de front ukrainienne en l’occurrence.
Marcus c’est un peu Philippe mais …vingt ans en moins! Ce que j’ai aussi aimé chez lui c’est qu’ en marge d’une réunion du groupe que je préside des libéraux et démocrates de l’AP OTAN à Luxembourg nous avions constaté être les deux seuls à avoir eu le petit grain de folie d’aller près de la ligne de front. Dès que je lui ai proposé d’y retourner pour une symbolique visite franco-allemande en moins de 3 secondes, il répondit “ja”. Suite à ce oui, Yehor notre ami député ukrainien, chef de file de la délégation de son pays, deux minutes après a été averti et la boucle “commun trip” dans la soirée créée. C’était parti pour une nouvelle aventure !
Nous nous retrouvâmes lundi 3 juillet au matin pour un petit déjeuner dans une sympathique chambre d’hôte quelque part dans un quartier perdu de Varsovie où la maîtresse de maison parlait un adorable français avec un charmant accent. Après avoir déclamé son amour pour notre culture et notre pays à plusieurs reprises, elle s’est excusée pour ses fautes en disant “je ne pratique pas assez le français”. Je lui ai répondu qu’il était mille fois meilleur que mon polonais !
Avec Marcus dans le train
Direction la gare pour le train départ à 11h de Varsovie direction Kiev avec un arrêt de 2h et un changement de train à Chelm prévu. Comme tout tarnais qui se respecte, j’avais emporté quelques victuailles du terroir (pâté, saucisson… de notre montagne). Seulement, elles n’étaient pas pour nous mais pour nos amis soldats ukrainiens. Nous avons donc profité de cette étape forcée pour aller faire quelques emplettes pour notre casse-croûte de voyage. Si j’ai été rassuré sur un point, Marcus aime la bière, j’ai été consterné par un autre : il adore le coca. Cela a été l’occasion de lui conter mes aventures, au tournant du siècle dernier, avec la multinationale américaine pour ma croisade contre l’injustice dont a été victime le roquefort, combat qui m’avait porté jusqu’à … la une du Washington Post !
Le propre de ces trains de nuit c’est qu’ils sont d’un confort relatif et que dormir y relève, tout au moins en ce qui me concerne, d’un difficile défi. Si ce n’était la présence d’une cheffe d’entreprise ukrainienne rentrant au pays pour ses affaires, avec Marcus nous aurions pu parler presque toute la nuit.
Vingt heures après notre départ, à 7h du matin, nous arrivons à Kiev et ,«bon pied bon œil», Yehor Chernev était sur le quai de la gare avec son indissociable sourire pour nous accueillir.
Yehor Chernev, député, vice président de la commission de la défense de la RADA et chef de la délégation Ukrainienne associée à l’AP OTAN nous accueille à la gare
Direction l’hôtel pour une douche aussi nécessaire que réparatrice avant d’entamer notre première journée. Comme pour les étapes de plat avant la montagne dans le tour de France, c’est parti « doucement » dans Kiev pour une visite d’une batterie de défense anti-aérienne “Guépard”. Caché sous un parking près d’une rocade, ce système dit de courte portée atteint sa cible aéronef, missiles, drones à trois ou quatre kilomètres maximum. C’est donc, si vous me permettez l’expression, la dernière couche du bouclier. Si « l’intrus » passe à travers, la cible, souvent civile pour les russes dans cette guerre, sera atteinte. Comme le félin, ils guettent leur proie et savent qu’ils n’ont que quelques secondes pour réagir et tirer afin de soustraire les griffes de l’ours russe qui entaillent au sens propre comme au sens figuré, la chair ukrainienne.
Devant le Guépard à l’affût
Après quelques autres échanges et contacts, nous avons passé une veillée d’armes, plutôt de départ, dans un restaurant typique près de ce cordon ombilical qu’est ce fleuve Dniepr, sans excès. Le contexte ne s’y prête pas.
Dès le lendemain, “étape de transition” avant la montagne. Effectivement, mercredi 8h, ce fut le départ pour Zaporijia et quelques heures de route tantôt confortables, tantôt sommaires. En effet, l’état du réseau routier plus particulièrement dans le sud près de la ligne de front est tel que par moment j’avais l’impression d’être une petite bouteille ronde d’une délicieuse boisson pulpeuse à l’orange originaire de Marseille “secouez moi, secouez moi”. Rien à voir avec notre périple en 2016 avec mon collègue et ami sénateur du Tarn Philippe Bonnecarrère et les 250 km en plein Sahara au nord Niger pour rejoindre la base de Manama à l’arrière d’un rustique Vêlera mais tout de même… Au-delà de Yehor, d’Alexandr Zavitnevich le président de la commission de la défense de la RADA qui nous a fait l’honneur de nous accompagner durant tout le séjour , de l’officier sécurité interprète, du chauffeur, de Marcus et moi, il y avait dans le véhicule, Stéphane Siohan, journaliste à « Libération » qui nous accompagnait. Pour être honnête avec vous, ce long voyage je ne l’ai pas vu passer tant la richesse des échanges avec Stephane a été instructive pour moi. Dialoguer avec un français qui vit en Ukraine depuis dix ans, qui a “roulé sa bosse” aux quatres coins du pays, qui a vécu tous les événements ; guerres, révolutions de cette période, qui en connaît parfaitement l’histoire et la culture qui en comprend la langue, les coutumes et traditions est quelque chose de précieux. Pour mieux cerner l’Ukraine, ses enjeux, ses atouts, ses perspectives, ses réalités il me manquait des clefs pour ouvrir des portes que Stéphane a si gentiment entrebaillées.
Lors de notre arrivée dans cette ville, seul le choc de la vision d’un immeuble civil pulvérisé par un missile S-300 Russe, nous rappelle que nous sommes en guerre derrière des formes de vie d’une apparente normalité. Après dépôt de nos affaires à l’hôtel Intourist dont je vous ai parlé plus haut, nous avons eu une réunion de travail avec le gouverneur de la province au cours de laquelle comme vous pouvez vous en douter nous avons parlé de « l’épée de Damoclès » qu’est la centrale nucléaire qui porte le nom de la ville mais située à 40 kilomètres de là et contrôlée par des sbires de Poutine aux intentions aussi peu claires qu’avouables. Si la contre offensive qui se prépare est victorieuse et que les russes perdent le contrôle de la centrale, sont ils capables du pire ? Nul ne le sait mais tout le monde le redoute et ce d’autant plus que nous sommes dans le pays qui a connu l’accident de Tchernobyl, son terrible nuage de mort dont depuis on sait qu’il ne connaît pas les frontières. Se préparer au pire sans aveu de faiblesse et sans affoler la population c’est l’équation que le gouverneur et ses équipes doivent résoudre. Jusqu’à un million de personnes à calfeutrer et en partie à évacuer en quelques heures tel est le défi présenté cartes à l’appui. Mais dans tout cela il y une grande inconnue c’est le vent qui suivant son intensité et sa direction pourrait emporter ses maléfiques retombées jusqu’en Roumanie, Bulgarie, Moldavie, Turquie et même… Russie !
Avec le gouverneur de Zaporijia et le président de la commission de la défense de la RADA, Alexandr Zavitnevich.
Après de tels échanges, il me tardait de sortir de cet imposant et sinistre immeuble d’autant plus angoissant qu’à l’heure ou nous le fréquentions il était vide, une lointaine sirène apportant une touche supplémentaire de lugubre à une ambiance déjà pesante.
Dîner diététique façon ukrainienne puis coucher tôt pour un lever à six heures pour un départ “d’étape de montagne”: notre tourmalet à nous, c’est la ligne de front, que nous allons approcher. Direction Orikhiv pour une rencontre avec la 47 ème brigade dotée des impressionnants chars de fabrication allemande léopards. Pour cette partie du déplacement , nous a rejoint le député Serhiyi Rudyk qui a la particularité de s’être dès le début du conflit engagé et donc il est à la fois parlementaire et officier. Cette situation nous a paru surprenante mais tous nous ont assuré que ce n’était pas formellement légal mais pas non plus interdit. Pendant les précédents conflits mondiaux, nombre de députés et sénateurs français à son image se sont engagés en témoigne la liste des noms gravés sur les deux monuments du palais Bourbon et du palais du Luxembourg.
Nous entrions au cœur des préparatifs, des escarmouches précédant la prochaine vraie contre offensive. Un front c’est comme un mur, dans un premier temps, il faut taper ici ou là pour voir comment il se comporte puis le moment venu cogner très fort sur l’endroit le plus friable pour ouvrir une brèche. N’en déplaise à certains “experts de canapés” tels que les appelle parfois le ministre ukrainien de la défense qui pour certains d’entre eux connaissent autant l’Ukraine que moi le Kamchatka, nous ne sommes plus au temps des guerres de mouvement napoléoniennes et force est de constater que les russes depuis plusieurs mois ont organisé leur défense. Trois lignes structurées de tranchées d’infanterie avec couloirs emmenant à des bunkers, plus loin des tranchées de protection d’artilleries, des fossés anti chars, des dents de dragon sur les axes , et surtout des millions de mines anti personnelles et antichars plus le quasi contrôle de l’espace aérien par l’ennemi, voilà la réalité de l’immense défi que les forces ukrainiennes ont à relever. C’est quasiment pas à pas, une par une, qui leur faut enlever les mines, un acharnant travail nocturne de titan. “Ingénieurs” en déminage qui avancent tels des fantômes voulant éviter de finir pour eux ou leurs camarades en… pantins désarticulés. Cachés dans des bosquets, nous avons vu le glaive, celui qui, le moment venu ira s’enfoncer dans le flanc russe à savoir “la bête allemande” léopard II, ce char emblématique que les fiers cavaliers ukrainiens étaient heureux de nous présenter. Toutefois, cela fait un léopard tous les 18km ramené à l’élongement de la ligne de front selon les propres calculs de Marcus, ce qui nous montre combien il reste à faire en matière d’équipement des forces. “Plus jamais je ne monterai dans un T64”, l’antique char russo-soviétqiue qu’il avait jusqu’alors en dotation nous affirmait une jeune recrue ukrainienne. A certains égards, on le comprend, quand vous avez goûté à la dernière version de la BMW, revenir sur une vieille lada rouillée n’est pas réjouissant.
Marcus a pu apprécier les commentaires élogieux des hommes de la 47ème brigade sur l’excellence de ce char lourd et le retour des premières missions effectuées par les sept monstres présents sur cette partie du front. Cette guerre est aussi informationnelle et nous avons de nos propres yeux vu un des deux chars que les russes disaient avec moultes images de propagande avoir neutralisé et mis hors d’état. Touché par un missile anti -char, il a certes vu son système informatique endommagé mais deux heures plus tard après une rapide réparation il était à nouveau au combat. Si le trou dans le blindage était réel, la solidité et sa capacité à préserver la vie des tankistes à l’intérieur a pu être vérifiée.
Sur le char Léopard (de gauche à droite Yehor, Alexandr, Philippe, le député ukrainien Serhiyi Rudyk et Marcus)
C’est le rôle et l’intérêt pour les parlementaires d’aller au plus près du terrain voir et analyser ce qui s’y passe réellement car après tout, c’est aussi l’argent de nos contribuables qui est utilisé là-bas pour la défense de l’Ukraine certes, mais de nos valeurs de démocratie et liberté aussi.
Déjeuner à la popote
Après un déjeuner frugal, dans une improbable popote, au fond de nulle part, en compagnie de quelques soldats revenant des premières lignes, nous avons rencontré quelques membres de la garde nationale que l’on pourrait comparer à notre gendarmerie sans l’aspect police judiciaire mais qui s’occuperait de la défense opérationnelle du territoire dévolue chez nous à l’armée de terre. Alors que nous étions tout près d’un bâtiment industriel visiblement désaffecté qui leur servait de base de repli au delà des éléments tactiques qu’ils nous ont fourni sur la situation au front, c’est le témoignage d’une jeune recrue de vingt ans espoir déchu du football ukrainien qui m’a touché expliquant que cela faisait plus d’un an qu’il n’avait pas vu sa famille. L’horreur de la guerre c’est aussi cela, au delà du sinistre cortège des morts disparus, blessés, ou prisonniers, c’est la douloureuse séparation de familles touchées voire brisées.
Nous voilà peu après partis pour une nouvelle séance de “tape cul” en direction de Velyka Novosilka dans la région de Donetsk. Le cadre à notre arrivée est assez surprenant pour ne pas dire déroutant dans une vaste plaine avec des immenses champs de plusieurs dizaines voire centaines d’hectares. En bordures, dans les haies, soigneusement cachés et camouflés, espacés tous les cent mètres, des matériels et des hommes à l’affût. Contraste saisissant tout près, une moissonneuse en pleine action pour récolter l’or vert de l’Ukraine. Deux mondes civils et militaires qui se côtoient, se touchent tels les deux bras d’un même corps tendus vers un objectif commun, la victoire.
Nous avons rendez vous avec la 37ème brigade de marine récemment équipée de nos bons vieux AMX-10 RC dont vient de se séparer l’armée de terre. Vieux oui, car nous avons vu un engin mis en service du temps de la Citroën BX incomparablement supérieure à la Lada de l’époque mais qui souffre singulièrement de la comparaison avec la BMW du matin. Toutefois, il est bon de rappeler qu’un blindé léger de reconnaissance et un char lourd sont des matériels de caractéristiques et fonctionnalités très différentes. Visiblement, on leur a enlevé quelques options comparé à ceux qui leur ont servi pour les entraînements près de Marseille, quatre semaines du reste dont ils gardent un bon souvenir. Ces options manquantes, moyens de communication, systèmes de leurres, sans parler des boîtes de vitesses défectueuses, pneus de rechange manquants, système de vidange défaillant, voilà quelques-unes des récriminations qu’ils nous ont gentiment mais fermement rapportées. In fine, ils reconnaissent que même sans option, la BX (AMX 10 RC), c’est autre chose que la lada (T64) mais ce serait bien mieux et plus sûr avec. Blindés léger de reconnaissance ils en ont aujourd’hui plus que le nom. Un peu dépassés, ils servent surtout d’appui d’artillerie temporaire et mobile pour l’infanterie.
En l’occurrence, la comparaison franco-allemande n’est pas à notre avantage. Même les si ukrainiens reconnaissent que c’est le choix de la France de livrer ses AMX 10 RC qui a débloqué les décisions de livraison des léopards et autres chars lourds. Pas fâchés pour autant, avant que je parte, ils m’offrent une douille gravée et signée du canon 105 de l’AMX pour un tir sur un objectif ennemi qui, me disent- ils, à fait mouche. Ouf, l’honneur est sauf. Il est finalement loin le temps, il y a cinq mois à peine, près de là où j’assistais à un tir opérationnel de notre canon Caesar tricolore qui lui est “la Rolls de l’artillerie”.
Avec les hommes de la 37ème brigade marine autour d’un AMX 10 RC
Nouveau départ et nouvelle séance de massage de mon coccyx en direction de Kourakhove à quelques kilomètres de Donetsk et à une portée de canonnade de la ligne de front. C’est là où nous avons rendez vous avec Magnit pour un bref échange ou nous dégustons une agréable et rafraîchissante glace par 36 degrés d’une chaleur étouffante et écrasante. Il n’a pas changé depuis notre rencontre de début février, les traits un petit peu plus tirés mais une détermination toujours sans failles. Pour moi Magnit est le symbole, l’illustration même du courage du peuple ukrainien : vétéran en 2014, réengagé et en première ligne depuis mai 2022 au cœur de cet infanterie qui dans les tranchées paye un si lourd tribut.
Magnit entouré des quatres parlementaires
Magnit et ses camarades je les assimile un peu à mon grand-père, Eugène Folliot laissé pour mort dans les tranchées du Fort de Vaux près de Verdun le 31 octobre 1916. Revenu de l’enfer, il en a miraculeusement échappé, c’est aussi pour cela que je suis là.
Tout d’abord je demande à Magnit des nouvelles de ses camarades avec qui j’avais passé cette mémorable soirée le 1er février dernier (https://www.philippe-folliot.fr/magnit-ou-le-recit-dune-soiree-au-coeur-du-donbass-en-ukraine/). Ils vont tous bien m’assure t-il, sans m’en dire plus. Je n’ai aucune raison de ne pas le croire, même si je sais combien pour eux les combats sont particulièrement difficiles. C’est son ami Yehor qui sur son portable nous fait voir une petite vidéo qu’ils ont tourné lors d’un assaut au cours duquel ils ont pris une tranchée russe et ce sur fond d’une musique particulièrement entraînante: ça ressemble à un clip cinématographique, mais ce n’est pas un clip cinématographique, c’est la vrai guerre. Il nous fait part de sa détermination toujours aussi forte mais surtout de leur besoin d’avoir plus d’artillerie car les obus « nous en recevons plus, beaucoup plus, que ce nous leur envoyons. L’artillerie, c’est ce qui nous permet de progresser pour affaiblir les lignes ennemies mais qui à certains égards aussi nous protège. » Message bien reçu qu’avec Marcus nous ne manquerons pas de relayer.
Avant de partir, je lui ai donné quelques produits du terroir tarnais et une bouteille de Calva, alcool préféré de mon grand-père, et une bouteille d’Armagnac, mon alcool préféré. Je sais qu’ils n’en abuseront pas, mais je sais aussi qu’au fond d’eux même, ils seront touchés par cette symbolique attention venant de l’autre bout du continent.
L’heure du départ sonne, et plusieurs heures de route s’offrent à nous pour une arrivée à Kiev à trois heures du matin. Lever à six heures, pour la dernière journée de visite après une très très courte nuit. Au fait, il parait que certains parlent du train de sénateur…
Dès l’aube, départ pour l’aéroport de Kiev où un antique hélicoptère datant de l’époque soviétique nous attend pour nous emmener vers une destination que nous ne connaissons pas. Il paraît que la météo est capricieuse pour arriver jusque là où nous devons aller et après moulte échanges et discussions, on nous informe que nous ne pourrons pas partir.
Avec Marcus avant le faux départ en hélicoptère
Météo ? Risques d’attaques ? Difficultés sur l’appareil ? Nous n’en saurons pas plus mais nous avons bien compris que depuis le crash en début d’année d’un hélicoptère du même type avec le ministre de l’intérieur et toutes ses équipes, visiblement ils ne souhaitent prendre aucun risque.
Nous ne connaissions pas le plan A, mais au dernier moment, le plan B s’est avéré particulièrement instructif. Nous avons eu le privilège, en tout état de cause, une première tant pour moi que pour Marcus, de visiter en situation le fameux système de protection aérienne Patriot mis en place par les Etats-unis. Très réactif, opérationnel en quelques secondes, celui-ci détecte une cible à 400 kilomètres et peut l’intercepter à 100 kilomètres. Cette présentation a été l’objet d’un long échange avec l’officier commandant la protection aérienne de la région de Kiev. Même si il est jugé moins réactif et un peu moins performant que la référence américaine, notre système le SAMP-T “Mamba” livré en partenariat avec l’Italie est pour eux particulièrement utile et efficace surtout jumelé aux radars GM 200 MM qui augmentent singulièrement ses performances. De plus, ils n’ont pas aussi manqué de vanter les deux batteries de Crotale nouvelle génération, système défense sol-air à courte portée, lui aussi livré par la France et très utile face aux attaques russes toujours plus nombreuses et potentiellement meurtrières.
Dans l’après midi, et pour conclure notre mission, le ministre de la défense, Monsieur Oleksiy Reznikov, nous a reçu pendant près d’une heure pour un échange particulièrement intéressant. Vous comprendrez que je ne rentre pas dans le détail de celui-ci, mais nous avons clairement ressenti dans ses propos comme dans ceux des officiers généraux, officiers, sous officiers, rencontrés précédemment, la volonté de privilégier la préservation des vies humaines au travers de la protection tant passive qu’active des soldats engagés ainsi que des populations civiles. Quel contraste avec la stratégie des Russes qui ont perdu 60 000 hommes (essentiellement de la milice Wagner) lors de la reprise partielle de la ville de Bakhmout. Je ne manquerai pas à mon retour de transmettre les informations données aux autorités françaises.
Rencontre avec le ministre de la défense Ukrainien, Oleksiy Reznikov
Au regard de la longueur de l’entretien par rapport à celle initialement prévue, Yehor a pu nous montrer sa dextérité au volant dans le trafic particulièrement encombré de Kiev pour nous ramener à temps à la gare non sans avoir préalablement donné un copieux casse-croûte préparé à l’initiative du président Alexandr Zavitnevich. Le long retour en train m’a donc permis d’écrire ces quelques lignes mais avec Marcus nous nous sommes promis deux choses. La première de revenir dès que possible pour continuer à soutenir et appuyer nos amis ukrainiens dans leur si difficile et important combat. La deuxième, c’est au mois de juillet prochain, d’aller nous baigner dans les eaux ukrainiennes de la mer d’Azov du côté de Marioupol pas très loin de la ville d’origine de Yehor. Mon maillot de bain est prêt et la bouteille de champagne pour célébrer la victoire ukrainienne est déjà au frais. Croisons les doigts. Slava Ukraini !
MAGNIT (ou le récit d’une soirée au cœur du Donbass en Ukraine)
Il est des moments dans une vie parlementaire, ou dans une vie tout court, qui marquent plus que d’autres. Je vous ai certainement relaté de ces moments avec nos militaires en OPEX en Afghanistan, « l’ivresse » d’un rase-motte tactique en Caracal, la singularité d’un parcours en VAB entre des FOB, le privilège d’une participation à des tirs d’entrainement, un lever glacial sous les roquettes à Tagab… Je vous ai aussi probablement conté une nuit étoilée de traque de djihadistes au cœur du Sahara, avec les volontaires du « Grand Huit », mais aujourd’hui, je voudrais vous parler d’une simple soirée, d’un moment aussi atypique que banal, aussi simple qu’exceptionnelle que j’ai passé ce mercredi 1er février à quelques kilomètres de la ligne de front, près de Donetsk, au cœur du Donbass, à l’épicentre du conflit Russo-Ukrainien.
Nous étions là, avec mon collègue et ami, le député ukrainien Yehor Cherniev, chef de la délégation-associée de son pays à l’Assemblée parlementaire de l’OTAN, les visiteurs du soir d’une section de valeureux combattants ukrainiens dans leur datcha réquisitionnée pour l’occasion.
Que l’on se comprenne bien, il ne s’agit pas de datchas « à la Poutine », faites de luxe et de raffinement financés au titre d’une prévarication sans limites mais d’une simple et dirais-je crasseuse maisonnette, sans eau courante, sans toilettes si ce n’est un petit cabanon au fond du jardin, sans salle de bain, avec comme seul confort, si utile par ces températures quasi sibériennes, un poêle antique à bois qui sert de cuisinière et de chauffage.
La datcha est un véritable capharnaüm où se côtoient de la vaisselle dépareillée, des vivres, des armes, des munitions, des lits de camp, des effets personnels et… une chatte et ses trois petits qui sautent partout, heureux, complètement insensibles à la dureté des lieux et des moments. À cela s’ajoute une belle touche d’humanité, les murs sont tapissés de dessins d’enfants à la gloire des combattants qui me rappellent ceux envoyés par écoliers du Tarn vus dans les casernements des marsouins du 8ème RPIMa de Castres, en vallée afghane du Kapisa.
Le poêle a craché ses calories pour réchauffer l’atmosphère et un peu de suie pour noircir les toiles d’araignées, improbables dentelles sombres qui donnent une touche de lugubre au décor. Le « festin du soir », c’est un excellent saucisson de Lacaune que j’avais apporté et un ragout de lapin, à la fraicheur garantie car tué à proximité le matin même, le tout agrémenté de quelques pommes de terre et d’herbes dont je ne me souviens plus le nom, aussi épicé qu’elles !
Il y a tout d’abord celui que nous allons appeler Boris qui ce soir-là était gai et quelques peu volubile. Il avait de quoi c’était son anniversaire « 38 ans » nous dit-il sous ses traits fatigués qui lui en donnaient dix de plus.
Il a bu, bien bu, pas du cognac que j’avais dégoté mais de la « gnôle de sa belle-mère » que nous avons goutée, ou plutôt ingurgitée à la santé de Boris ou de sa belle-mère, des deux certainement. Les vapeurs d’alcool dilatent les pupilles comme elles grisent pudeur et timidités, elles ouvrent les coeurs aussi face à cet « OVNI en face d’eux », un sénateur venu de la lointaine France.
Boris sourit mécaniquement, il parle de sa fatigue, de la nostalgie de sa famille qu’il n’a pas vu depuis trop longtemps et de cette guerre, qu’ils ne savent pas encore s’ils vont la gagner vite, mais qu’ils sont certains de ne pas pouvoir la perdre.
Loin de lui l’idée de mettre en avant la liberté, la démocratie, les valeurs, non lui il se bat pour son pays, certes, mais surtout pour les « femmes et enfants qui sont derrière », pour tous peut-être mais pour les siens assurément.
Il est un peu en retrait derrière Boris mais on sent que son ombre tutélaire porte sur le groupe car à un moment ou à un autre tous les regards se tournent vers lui, même s’ils sont tous égaux soldats de l’ombre, fantassins des tranchées, pas même « un sous off » parmi eux mais malgré tout s’il n’est pas chef c’est un meneur. « Magnit », c’est son nom de guerre, est là, frêle, au regard dur et tendre à la fois… C’est un ancien de la guerre de 2014 (aux côtés de Yehor !) il est le plus âgé du groupe, bientôt la soixantaine, mais lui c’est un Monsieur, un « seigneur des classes populaires », un de ces hommes qui se lève et fédère autour de lui dans ces moments aussi impitoyables que déroutants. C’est lui qui ce soir-là règne sur l’âtre et la popote, il prépare et mijote, ce qui contribue à son aura vis à vis du groupe, comme il dit, « il faut des protéines ».
C’est grâce à son Doudou, son talisman, son porte-bonheur, une petite peluche éborgnée qui ne le quitte jamais, accroché tel un bébé kangourou à une poche ventrale de son treillis, « cadeau de mon petit-fils de cinq ans » que nous en savons un peu plus sur lui. Avant, il y a longtemps, trop longtemps pour lui, dans une autre vie il y a… huit mois à peine, il était artiste sculpteur près de Kiev, membre de cette minorité russophone que Poutine voulait soi-disant « libérer du joug nazi », loin de la guerre et de la politique. Il était entièrement absorbé par son travail et par sa passion qui consistait à ratisser avec « une poêle à frire » sa région pour y récupérer des métaux, sur les champs de bataille de la Seconde Guerre mondiale pour peut-être façonner des sculptures, symboles de paix… d’où son nom de guerre, Magnit.
De lui finalement, on n’en saura guère plus si ce n’est qu’il est l’un des survivants de la section même si cela n’est pas représentatif, tant cette unité s’est trouvée plus particulièrement exposée en première ligne. En mai ils étaient 30, aujourd’hui ils ne sont plus que 8 ! Trente, huit. Vous avez bien lu, vingt-deux en moins, majoritairement blessés, certains disparus, d’autres prisonniers, ou, pour quelques-uns d’entre eux, morts au combat. De Magnit, on a appris par ses camarades qu’il avait fait preuve d’un courage extraordinaire, qu’il avait, lors d’une offensive, neutralisé à lui seul deux blindés russes avec son lance-roquettes, et survécu à une confrontation à bout portant. Lui ou moi, finalement c’est lui, le Russe, qui a trépassé, Magnit aurait même récupéré le passeport de l’agresseur avec peut-être l’idée cachée, un jour après la guerre, de le renvoyer à la famille avec un mot, voire un poème, pour dire qu’il n’a pas voulu cela.
Non, il n’a pas voulu cela, l’Ukraine n’a pas voulu cela, peut-être pas plus certainement que nombre de conscrits russes entrainés par la folie de leur président. Lui, il aurait préféré continuer à vivre auprès des siens, de sa famille, de ses amis, de ses œuvres, de ses projets. Aujourd’hui, son projet, leur projet, c’est de survivre, c’est de tenir dans l’enfer des tranchées. Le froid, la puanteur, la boue qui s’infiltre partout, les terribles rats qui grouillent et qui dévorent tout, le bruit, la terreur de cette pluie d’obus qui s’abat, puis la fureur des assauts d’inlassables vagues « de chair à canon » qu’il faut contenir puis repousser. Voilà le quotidien de ces hommes pendant dix jours sans discontinuer avant d’aller se reposer une courte semaine dans les datchas disséminées à quelques lieues du front, pour essayer de panser les plaies, soutenir les souffrances autant morales que physiques de ces braves, de ces héros. Ils nous rappellent l’horreur de la Première guerre mondiale, qui a tant marqué notre pays, nos familles, l’enfer des tranchées c’est aujourd’hui leur quotidien.
En France, ne portons pas au paroxysme nos problèmes du moment, nos divisions, nos réformes et contre-réformes, pensons aussi et surtout à ce qu’ils endurent, à ce qu’ils vivent, pour eux, certes, mais pour nous aussi. Pour notre vision du monde, pour notre liberté, ce qui devrait nous amener in fine à relativiser bien des choses, bien des tracas et des rancoeurs…
Autant que pour des raisons stratégiques, géopolitiques et idéologiques, par principe, nous avons un devoir moral de les aider, de soutenir nos amis ukrainiens, car ils sont victimes, à l’image de Magnit et de ses amis. Ils n’ont pas demandé à être là, ils sont, leur pays est victime d’une abominable agression contraire à tous les principes du droit international de la part de la Russie de Poutine. Alors qu’après la première agression de 2014 collectivement, et moi le premier, nous n’avons pas voulu voir la réalité des choses et traiter comme il se doit ce coup de couteau à l’intégrité et à l’indépendance d’un pays internationalement reconnu nous avons par notre cécité laissé la folie prospérer au Kremlin et maintenant nous en payons le prix, économiquement pour nous, par les larmes et le sang versé pour eux.
Après la défaite en juin 40, face à l’agression nazie, le général De Gaulle s’est levé pour défendre notre pays, notre liberté, nos valeurs et avec l’appui des alliés américains et anglais de l’époque, il a pu relever ce défi pour la victoire finale et redonner le sens de l’honneur et de la grandeur à la France. Aujourd’hui, nous sommes les alliés moralement obligés et volontaires de nos frères d’armes ukrainiens, et plus que jamais maintenant, oui maintenant, et pas demain, car demain, il sera trop tard. Nous avons ce devoir MORAL de les aider de toutes nos forces et de les soutenir de tous nos moyens. C’est notre devoir et ce sera notre HONNEUR.
Amitiés,
Philippe Folliot