Le président de la République, en convoquant un Conseil de Défense ce lundi 2 juin, pour décider en dernier ressort, en tant que chef des Armées, de ne pas procéder à de nouvelles coupes budgétaires dans le domaine de la défense a certes respecté l’esprit de la Constitution, mais a-t-il pour autant respecté le principe de l’exécution des lois qui incombent au Premier ministre, selon l’article 21, alinéa 1 de notre Constitution ?
Pourquoi convoquer un Conseil de Défense, alors que la représentation nationale a voté un texte, présenté par le Gouvernement en novembre dernier, concrétisé par une LPM promulguée il y a six mois ? Pourquoi émettre l’idée de revenir sur des orientations et des choix que la majorité et le Gouvernement nous avait présentés comme les seules à même de garantir l’équilibre entre juste contribution des Forces armées à la réduction des déficits publics, stricte suffisance capacitaire et anticipation stratégique ? Pourquoi également ne pas avoir eu cet important débat, qui mériterait d’être élargi tant les Français sont respectueux et admiratifs de leur armée, dans un contexte qui s’y prêtait davantage, comme celui de l’élaboration du Livre blanc ? Bref, le contraste est de nouveau saisissant entre la parole donnée, les actes qui auraient dû la sanctuariser et le peu ou prou de respect quant à son exécution au niveau gouvernemental. Il est vrai, que les militaires, n’ont pas l’habitude de prendre en otage des fonctionnaires de la République, encore moins de battre le pavé, pour manifester leurs doléances au moindre mécontentement. C’est pour cela que l’immense majorité des Français respectent nos militaires, tout en étant conscients des efforts à faire, parfois douloureux (la défense a déjà largement contribué à la lutte contre les déficits publics). Mais, je crains, encore, une fois, que la parole présidentielle ne soit guère plus audible dans ce domaine si important à notre indépendance stratégique et à notre crédibilité internationale qu’elle ne l’a été par le passé, dans les orientations européennes, pourtant proclamées haut et fort à Bruxelles, et hélas, mezza voce dès la frontière passée… Ce Conseil de défense ne lève pas pour autant toutes les interrogations sur le sujet des recettes exceptionnelles pour l’heure toujours hypothétiques. Il manque toujours 1 milliard d’euro pour 2014, mettant ainsi en danger le contrat opérationnel de nos forces armées. J’invite, d’ailleurs le président de la République à prendre en compte le dernier sondage IFOP, qui indique que 88% des Français demandent davantage de mutualisation en matière de défense au niveau européen, tout en étant conscients de l’importance que représente, en France, le secteur de l’industrie de défense, tant au niveau des enjeux de l’emploi, de l’innovation et de l’indépendance stratégique.