Violences illégitimes

Loin du « contrat social » propre aux démocraties et théorisé en son temps par le philosophe Montesquieu, auteur de « l’esprit des lois », notre société est gangrénée par une violence multiformes. Au-delà de l’antique violence civile (« Je n’ai pas, j’ai envie ou besoin, je prends donc je vole »), se développe une forme de violence sociétale ou politique qui remet en cause les fondamentaux démocratiques.

En effet, à l’originel contrat de la démocratie représentative, « je pense quelque chose, j’essaye de convaincre, puis de gagner les élections pour, une fois majoritaire, appliquer ce pourquoi j’ai été élu », certains essayent de substituer un nouveau cadre : « Je pense quelque chose, j’ai raison, j’utilise tous les moyens légitimes ou pas, légaux ou non, pour que les autres, même majoritaires soient obligés d’accepter et d’appliquer nos idées ».

Ces dérives multiformes et les violences qu’elles engendrent sont inquiétantes et elles touchent tant la sphère sociale, environnementale que sociétale !

Il y a la violence psychologique tout d’abord, avec au-delà de l’utilisation malsaine des réseaux sociaux, qui engendrent le meilleur et le pire à la fois, cette violence du quotidien qui touche beaucoup les élus en général et les maires en particulier.

Bientôt, il sera quasi impossible de mener des projets d’intérêt collectif et général dans notre pays à cause du syndrome « pas dans mon jardin »

En gros, c’est quoi ?

« Je vais pourrir la vie de mon maire pour lui dire que je ne veux pas de ceci ou cela » : ils ne veulent pas près de chez eux d’une autoroute, d’une centrale à enrobé, d’une retenue d’eau, d’une antenne 4G ou 5G, d’un méthaniseur, d’un élevage, d’une salle des fêtes, des cloches qui sonnent…

Pour autant les mêmes veulent globalement aussi des axes de circulations rapides et sûrs, des routes sans nids de poules, un réseau mobile qui fonctionne bien, de l’eau au robinet, de l’énergie renouvelable, une alimentation locale et durable, un village ou un quartier animé et le respect des traditions… du moment que c’est … chez les autres !

Un nombre sans précédent de maires ont démissionné ces derniers mois, cela devrait nous amener à réfléchir collectivement sur l’état de notre démocratie locale et les conséquences pour la suite.

Il y a aussi la violence sporadique, celle qui consiste à insulter un élu, détériorer un bâtiment public ou une permanence parlementaire, menacer les familles, jeter le discrédit par des amalgames ou fausses informations, briser les vitrines de commerces, détériorer du mobilier urbain, bruler des voitures…  actes isolés ou par des groupuscules organisés, il n’y a qu’un but : influencer, dissuader, terroriser.

Il y a enfin la violence organisée, préméditée, planifiée, qui consiste à vouloir, sous couvert d’état de nécessité ou d’urgence sociale, environnementale ou sociétale, casser du flic, tabasser du gendarme, à détruire le maximum de symboles ou de projets pour que grâce à cette violence totale, ils ne puissent plus être en mesure d’être réalisés.

Pour le Tarn, nous avons connu cela avec le projet de barrage de Sivens, à Notre Dame des Landes c’était l’aéroport, dans l’Isère un centre de vacances, ailleurs une implantation d’usine, une centre de traitement de déchets… et chaque fois une Z.A.D., une « Zone A Défendre » ou plutôt une Zone de Non Droits où s’applique la loi du plus fort, celle des groupuscules extrémistes !

Ce qui s’est passé dans les Deux-Sèvres à Sainte-Soline est assez scandaleux et édifiant. Un projet porté non pas par une multinationale mais une coopérative locale de 240 agriculteurs qui ne défendent pas l’agro industrie mais des exploitations familiales en agriculture raisonnée voire biologique qui pendant plus de dix ans et moult enquêtes, études, débats publics, sont arrivés à un consensus qui est remis en cause par des ultra-gauchistes violents, qui pour l’essentiel ne sont pas du territoire mais qui veulent se servir d’un projet du territoire pour manipuler les populations en vue de commencer avec violence à détruire notre société.

Alors que certains rêveraient ici dans le sud Tarn de faire de même autour du très attendu projet de l’autoroute Castres-Toulouse qui lui aussi à fait l’objet de moult études, enquêtes, débats publics, échanges, dialogues, modifications… et même a été inscrit dans la loi, nous devons prendre conscience de cette dérive anti-démocratique.

Nous avons une chose inestimable dans notre pays c’est d’avoir un État de droit. Les Russes, Coréens du Nord ou autres Iraniens … n’ont pas cette chance et ces droits imprescriptibles de pouvoir s’exprimer, contester et manifester…

Je suis pour quelques jours en Amérique du Sud, avec une délégation de la commission des affaires étrangères et de la Défense du Sénat et nous allons au Brésil à Rio, Brasilia et dans l’Amazonie à Macapa avant d’aller en Guyane puis au Surinam et enfin au Guyana ! A notre programme : la situation en Guyane face aux violences liées à l’immigration et la pêche illégale mais aussi et surtout face au scandale de l’orpaillage clandestin. C’est un véritable drame humain (un valeureux gendarme du GIGN y a perdu la vie il y a peu) social (des pauvres gens avec une violence inouïe exploités en quasi-esclavage), environnemental et humanitaire (utilisation massive et illégale de mercure qui pollue l’environnement et empoisonne les tribus amérindiennes) et sécuritaire (c’est la jungle au sens propre comme au figuré la-bas).

Tout ceci, ce véritable scandale se passe dans l’indifférence quasi générale, cela bien loin des diatribes de l’écologie intégriste de Madame la députée Rousseau et consort, une violence ordinaire qui ne les intéresse pas mais comme on dit « deux poids, deux mesures ! » et « loin des yeux, loin du cœur ! ».

Ceci est consternant !

Amitiés,

Philippe Folliot

Violences illégitimes